Cet article, ça fait longtemps que je veux l'écrire et que je n'y arrive pas.
Cet article est censé parler de mes DPP...Les deux... Et oui!
Mais qu'est-ce qui se cache derrière ce magnifique et doux acronyme?
Deux Pommes Poilues?
Douces Plages Paradisiaques?
Douze Porcinets Puants?
Oui, je suis capable de continuer comme ça un bon moment, je vous le confirme mais
Non, je ne vais pas le faire car j'ai grand pitié de mon lectorat et que quand même, on est là pour parler de DPP crénom! ... et pas de porcinets poilus!!
Bon, alors DPP, c'est pour Dépression du Post-Partum...
Brr, ça fiche l'ambiance en l'air tout à coup, hein?
Même si c'est pas rigolo, j'ai envie d'en parler parce que je me dis que d'une part, ça me permettra d'éclaircir mes propres idées et d'autre part, si ça peut aider quelqu'un d'autre, ça vaut quand même vachement le coup.
Ma première DPP a commencé quand Arsène avait 1 jour. J'ai senti cette boule en moi, qui bloquait mes membres, mon corps, mon coeur et me disait inlassablement "tu n'y arriveras jamais, c'est quoi ce truc hurlant qu'on t'a donné?".
Tout le monde m'a dit que c'était le baby-blues et m'a laissé pleurer, pleurer, pleurer... Je ne dormais pas du tout à la maternité alors on a pris mon bébé et on m'a donné un somnifère.
Malgré tout, je déprimais, je pleurais tellement que suite à l'insistance de mon mari, je suis rentrée chez moi 3 jours et demi après ma césarienne avec mon bébé hurleur sur les bras.
Hurlements, cris, angoisses...
Ce fut le programme de ce premier mois et demi.
Je savais qu'Arsène était mon fils mais je n'arrivais pas à l'aimer. Je m'occupais bien de lui, machinalement, comme par obligation. Je galérais pour l'allaiter car je voulais être une mère parfaite comme dans les livres. Je ne prenais aucun plaisir; j'avançais dans le vide, j'avais envie que ça s'arrête, que quelqu'un me dise : "C'est bon, c'est fini, on vous reprend le bébé et vous pouvez reprendre une vie normale".
J'ai appelé à l'aide ... Une psy, deux gynéco, une osthéopathe, la pédiatre d'Arsène, mon généraliste, les sage-femmes de la clinique... Personne n'a reconnu ma douleur, personne ne m'a prise au sérieux.
Jusqu'au jour où Arsène avait 6 semaines. Je n'avais encore pas dormi de la nuit à cause de ses pleurs incessants. Je suis allée à la PMI. J'étais tellement mal que lorsque la puéricultrice m'a demandé "Ca va?", j'ai fondu en larmes. Moi qui suis si pudique en public, je ne me reconnaissais pas.
J'ai tout dit : les angoisses, les nuits blanches, l'incompétence pour faire cesser les pleurs de mon bébé, l'allaitement qui me rendait dingue, etc. etc.
Tout de suite, j'ai eu 4 personnes autour de moi qui m'ont parlé et ont mis en place un programme hyper complet qui devait me permettre de me remettre sur pied.
- 1 RV hebdomadaire chez une pédo-psychiatre
- 1 prescription d'anti-dépresseurs
- 1 visite hebdomadaire à domicile d'une sage-femme
Ca a marché. Très vite.
J'ai d'abord commencé à trouver mon fils mignon, à apprécier de plus en plus sa présence et quand il avait 3 mois, il m'était devenu complètement indispensable.
J'ai eu beaucoup de mal à me remettre de cette période noire, je n'ai pas compris pourquoi ça m'était arrivé, j'ai accusé la césarienne d'avoir tout gaché, je n'assumais pas d'avoir été une mauvaise mère pendant tant de temps.
Pendant au mois 1 an, j'étais prise de frissons et d'angoisse lorsque je voyais une femme très enceinte dans la rue, je me disais "La pauvre, elle ne sait pas le cauchemar qui l'attend, ça va être horrible!!".
Le temps a passé, Arsène est devenu mon petit chéri préféré et je me suis dit que tout ceci n'avait pas affecté notre relation et que c'était tant mieux, mais quand même... j'avais envie de vivre cette fusion merveilleuse dont parlent toutes les mamans. J'avais en quelque sorte envie de rattraper les quelques semaines perdues avec Arsène, j'avais envie d'un autre enfant.
Que les raisons soient bonnes ou mauvaises, ce n'est pas le problème.
C'est vrai que j'avais envie de rattraper quelque chose avec ce deuxième enfant mais j'avais surtout envie d'un 2ème enfant, quoiqu'il en soit.
J'étais bien décidée à ne pas recommencer le cauchemar et j'ai travaillé pour l'éviter :
- Gros efforts pour ne pas avoir de césarienne.
- Prise d'anti-dépresseurs pendant la grossesse à faible dose.
- Femme de ménage à la maison pour me décharger des tâches ménagères.
- RV avec une psy dès la maternité.
- Cours de yoga post-natal dès la sortie de la maternité.
- Lectures pour mieux démarrer l'allaitement.
- Sexe et prénom du bb connus à l'avance
- Repos intensif avant la naissance
J'étais fin prête.
Je l'attendais de pied ferme la DPP, j'allais la terrasser en 2 coups de pieds dans le fessier... Non mais!
Mais ce qui devait arriver arriva...
Elle a resurgit.
Malgré l'accouchement de rêve,
malgré le suivi psy,
malgré les médicaments,
malgré l'expérience d'un premier enfant,
malgré la préparation à l'allaitement
malgré le soutien de la prof de yoga
...
Dès le 2ème soir, j'ai appelé ma cousine en pleurant, j'ai senti que ça recommençait. J'étais terrifiée. Je reconnaissais cette infâme boule d'angoisse qui me paralysait le corps et l'esprit, me glaçait le coeur et me répétais sans cesse "tu n'y arriveras jamais, quelle folie d'avoir fait un 2ème enfant!".
Et voila, ma copine DPP et moi, on a commencé à pleurer, à la maternité, malgré la psy qui m'expliquait que ça allait passer.
Re-retour précoce à la maison et re-belote avec les pleurs incessants du bébé, l'incapacité à le gérer, les journées vautrée dans le canapé à être incapable de quoi que ce soit à part répéter "je n'y arriverai jamais, pourquoi ai-je fait ce 2ème bébé?".
Certains jours, j'avais l'impression que ça allait mieux et puis, je rechutais, je passais plusieurs nuits blanches à fumer sur le balcon, j'étais de plus en plus fatiguée.
J'ai arrêté tôt l'allaitement, je ne souhaitais pas me rajouter ce souci en plus, et ça m'a vraiment fait du bien, je ne l'ai jamais regretté.
Je me plaignais à tout le monde mais personne ne pouvais rien pour moi... La psy m'aidait bien mais dès que je rentrais chez moi, j'étais face à moi-même, à mon bébé et à l'angoisse.
J'étais également absolument incapable de m'occuper d'Arsène. J'allais le chercher à l'école et je le collais devant la télé, il me paralysait, je ne savais plus comment faire avec lui, c'est son papa qui a pris le relai à 100% à ce moment-là.
Au fil du temps, sans que je sache pourquoi, c'est passé.
Dès que Léandre a eu 3 mois, tout était normal.
J'avais encore du mal à garder les deux enfants toute seule mais c'est venu progressivement.
Et maintenant, je vis avec ce "pourquoi?". Je ne saurai jamais pourquoi ça s'est passé si mal, je ne le revivrai probablement jamais et c'est pas si mal.
Je suppose qu'il y a une histoire de baisse d'hormones dans tout ça. Peut-être un facteur fatigue qui aggrave la situation.
J'ai aussi compris que j'étais nulle pour m'occuper des nourrissons.
Quand je disais ça aux psy, ils me disaient tout que ce n'était pas vrai mais moi, je suis sûre que c'est vrai. Je ne pense pas qu'on devienne spontanément un génie en bébé dès qu'on a accouché. Je connais des mères qui dès la naissance ont su faire dormir leur bébé, l'allaiter sans problème et l'apaiser sans souci.
Moi, je ne sais pas faire ça, du coup, j'ai des bébés vraiment difficiles que je ne sais pas apaiser et cela ne fait qu'aggraver la situation.
J'ai appelé la PMI deux fois au secours, je leur ai demandé de venir chez moi car j'étais au fond du gouffre, je n'y arrivais pas.
Je leur ai expliqué tout ce que je faisais avec mon bébé, tout le matériel que j'avais, j'ai tout détaillé pour essayer de comprendre ce qui clochait dans ma façon de faire mais... elles n'ont rien trouvé.
Je ne saurai jamais et ça me dérange de ne pas savoir.
Ce que je sais c'est que j'ai fait appel à beaucoup de professionnels et qu'aucun n'a pu m'aider.
La seule chose dont j'aurais eu réellement besoin c'est d'une personne qui me prend mon bébé de temps en temps, une heure ou deux pour que je puisse souffler, d'une personne qui garde mon bébé de temps en temps le soir ou la nuit, pour me permettre de dormir 3 ou 4 heures d'affilée... Je dis ça mais j'étais incapable d'avoir une vie sociale normale et je me voyais mal demander à des gens de m'aider dans ces circonstances-là.
La plupart des jeunes mères se retrouvent face à leur bébé elles aussi de nos jours et je les plains, sincèrement, car c'est un rôle bien difficile à tenir pour certaines.
Les papas sont là bien sûr mais personnellement, j'ai tellement compté sur lui pour gérer l'intendance de la maison et Arsène que je me voyais mal lui confier le bébé en plus de tout.... Il travaillait la journée quand même...
Je ne saurais pas quoi conseiller à une femme qui se trouve dans cette situation. Je lui dirais probablement d'aller se faire chouchouter chez sa mère et d'attendre que ça passe.
Ou bien ... ben je sais pas...
Il y a pas mal de sites sur le sujet mais il manque quelque chose. Je trouve que c'est trop facile de dire aux femmes d'aller voir un psy. La consultation ne dure qu'un heure alors que le besoin d'aide est quotidien.
Il manque un chainon, un réseau, une présence.
Les PMI m'ont été d'une très grande aide. Il ne faut pas les oublier.
Maintenant, tout ceci est derrière moi, c'est fini... Et je suis tellement HEUREUSE d'avoir mes deux enfants!!