Aujourd'hui, je parle allaitement... Ca risque de ne pas passionner tout le monde! J'ai envie d'en parler parce que j'ai beaucoup changé d'avis entre mes deux grossesses et que je trouve qu'on lit peu de témoignages en faveur du biberon, alors, je me lance!
Lorsque je n'avais pas d'enfant, longtemps avant, je n'avais pas envie d'allaiter. Vu de loin, ça m'écoeurait un peu, je n'en épouvais aucun désir. Puis, je suis tombée enceinte et j'ai commencé à me renseigner. J'en ai tellement appris que j'ai été convaincue et qu'à la naissance d'Arsène, j'étais bien décidée à allaiter de gré ou de force.
Ce fut dur... très dur... je ne peux pas m'empêcher de repenser à mes 6 premières semaines avec lui sans des frissons. Biensûr, je ne peux pas blamer l'allaitement uniquement. Le fait est que je faisais une dépression du post-partum et qu'en plus, je manquais de sommeil car mon fils se réveillait plusieurs fois par nuit, j'avais des crevasses très douloureuses, Arsène avait des poussées de croissance hyper fréquentes au début et il pleurait énormément (et moi aussi!).
Je me suis accrochée, j'ai souffert, j'ai appelé la Leche League plusieurs fois à la rescousse et ... j'ai réussi. Après 6 semaines de calvaire, mon allaitement roulait, c'était chouette et j'étais contente! Je n'ai jamais regretté d'avoir dû me battre autant et j'ai savouré cette relation jusqu'aux 5 mois d'Arsène. Je l'ai sevré sans difficulté et avec son accord (m'a t-il semblé). C'était une très belle expérience.
Lors de ma 2ème grossesse, j'étais décidée à allaiter encore plus longtemps, j'en mourrais d'envie. Pour éviter les problèmes des débuts, je me suis beaucoup informée, j'ai pas mal lu, je me sentais au top et puis... bébé est né.
Il s'est mis à se réveiller sans cesse la nuit, je me suis mise à avoir des crevasses épouvantables dès la maternité (j'ai la peau très fragile), j'ai commencé à être très fatiguée et je suis entrée en dépression du post-partum à nouveau.
Au bout de 5 jours à ce rythme, j'avais déjà envie d'arrêter l'allaitement. Je savais ce qui m'attendais, je savais que j'en avais encore pour plus d'1 mois à galérer et à souffrir et je ne m'en sentais pas capable.
A nouveau les réveils en sueur, encore la soif incessante, les coussinets d'allaitement, les engorgements, la crème ultra-collante sur les mamelons après chaque têtée, les réveils nocturnes incessants, la dépendance du bébé au sein, etc...
J'ai insisté 1 jour, 2 jours et le 3ème, je me suis réveillée avec 40° de fièvre et une forte douleur dans le sein gauche. J'avais une infection, j'étais sous antibiotique. J'ai perçu tout ça comme un signe. Le signe que mon allaitement devait se terminer, que je n'avais pas les épaules pour tout ça.
J'ai quand même appelé la Leche League, pour ne pas abandonner si vite. Mon interlocutrice m'a donné des conseils que j'ai trouvé aberrants et complètement inapplicables. Je me trompe peut-être mais franchement me conseiller de tremper mon sein infecté 15 minutes dans de l'eau très chaude avant chaque têtée... c'est un peu n'importe quoi, non?
Je m'imaginais avec un bébé qui hurle de faim à mes côtés, me tremper le sein pendant un long quart d'heure, pas facile!
Je m'imaginais reproduire la scène 10 fois par jour ou plus car un nouveau-né ne tête pas à heures fixes mais plusieurs fois par jour et même parfois par heure...
Elle m'a aussi dit que la lèvre inférieure du bébé devait appuyer sur le lieu de l'infection (le haut du sein) quand il têtait... Je me suis imaginée faisant têter mon bébé la tête en bas (!), ou alors couchée sur le parquet du salon entrain de faire têter mon fils...
N'importe quoi!
Je lui expliqué que j'étais très déprimée et que j'envisageais d'arrêter. Elle m'a conseillé un allaitement mixte et donné quelques conseils.
Moi, je ne voulais plus, j'avais pris la décision d'arrêter. Je voyais tout cela comme une épreuve et je me demandais pourquoi il fallait supporter autant de douleurs, de fatigue, de complications alors que c'est censé être un plaisir?
J'ai aussi rencontré pleins de femmes autour de moi qui ont allaité sans problème, pour qui ça a roulé dès le début et qui n'ont eu ni douleurs, ni nuits blanches. J'en ai donc conclu que je ne suis pas faite pour ça et que ce serait du masochisme de continuer.
J'ai filé à la pharmacie pour acheter biberons, lait et tétines et j'ai ressenti un énorme soulagement, comme si on m'enlevait une enclume de la cage thoracique... Fini tout ça, j'étais libérée!!!
J'ai donné son premier biberon à mon fils avec une grande joie au coeur, je n'ai ressenti aucune culpabilité!
Les nuits ont tout de suite commencé à s'améliorer, mes seins me faisaient moins mal et j'ai décidé de conserver une petite production de lait, juste pour des têtées plaisir. Ce n'est pas vraiment un allaitement mixte que j'ai mis en place car dès le début, j'avais très peu de lait. Juste histoire de donner le sein 5 minutes de temps en temps. Les jours où je ne le faisais pas, je tirais mon lait. Ca a duré jusqu'aux 3 mois de Léandre.
Aujourd'hui, j'ai encore un peu de lait mais Léandre n'en veut presque plus, je pense qu'il n'y en a vraiment pas assez, on va arrêter les têtées petit à petit.
Bilan : J'ai adoré ces petits moments doux tous les jours, ces têtées-calins.
J'adore toujours lui donner son biberon car il me regarde fixement dans ces moments-là, et c'est des échanges de regards que je n'ai jamais connus avec Arsène.
J'ai bien changé d'avis sur l'allaitement. Moi qui y était TRES TRES favorable il y a peu, j'ai réalisé que ça ne convient pas forcément à tout le monde et que ce n'est pas forcément l'idéal dans le cas d'une DPP (dépression du post-partum).
Je suis contente de mon choix.
Aujourd'hui, j'aimerais que le choix de ne pas allaiter ne soit pas autant décrié et que les mères qui n'allaitent pas soit moins culpabilisées.
Attention : Je n'accuse l'allaitement de rien hein?
Ma DPP a duré aussi longtemps pour les deux bébés, mes deux fils ont à peu près la même courbe de croissance et mes relations sont aussi bonnes avec Léandre qu'avec Arsène au même âge.
C'est juste que j'ai trouvé l'allaitement très inconfortable et pas forcément adapté à moi et à mes besoins.
Finalement, pourquoi ne pas laisser chacune faire son choix en fonction de ce qui lui convient le mieux?